La culture de l’innovation dans les entreprises est devenu un “mantra”. Des cabinets de conseil, cercles de réflexion, équipes de direction et même l’Etat planchent sur la question. “ Comment favoriser l’esprit d’innovation dans les structures qui grandissent ?”

Peut-on innover au sein d’une grande société?  Faut-il nécessairement passer par les pousses? Doit-on financer les micro- entreprises, les petites filiales ou procéder par la détection et l’intégration des start-ups ?
Nous n’allons pas aborder dans cet article le sujet au travers la taille, la culture, les montages financiers ou l’organisation humaine. Ce n’est pas notre expertise. Cependant, nous abordons la question du point de vue de l’espace de travail.

Pouvons-nous favoriser les aménagements d’espaces de travail favorables à l’innovation ?

En tant qu’architectes, nous avons posé la question de la façon suivante. Les architectes qui élaborent des environnements de travail physiques, peuvent-ils contribuer à l’innovation?

Nous n’allons sans doute pas créer une culture d’innovation ex nihilo au sein des structures qui n’en n’ont pas. Soyons modestes. Néanmoins, nous pouvons favoriser l’innovation là, où il y a un potentiel .

Autonomisation et gestion des limites

Deux éléments nous intéressent particulièrement pour leur impact sur le processus d’innovation . Il s’agit des besoins des collaborateurs en matière d’autonomisation et de restauration de limites.

Ces éléments se traduisent relativement facilement dans une vision spatiale des espaces de travail.

Il semble logique qu’une atmosphère de confiance qui encourage le partage des idées, la prise de décisions et l’audace professionnelle permet à chacun de donner le meilleur de lui-même. Ceci est la première condition d’innovation. Il s’agit donc de favoriser l’autonomisation et l’ouverture au partage libre des idées.

Inversement, des environnements bruyants, où il est difficile de se concentrer, où chacun lutte sans cesse contre un flot d’idées et de données est une menace non seulement pour la productivité, mais aussi pour l’innovation. Nous devons donc également raisonner en terme d’instauration de limites. Les limites permettant de créer un espace propice à la réflexion et à la concentration.

Une question d’équilibre entre sécurité et ouverture.

Les collaborateurs ont des besoins qui oscillent entre l’envie de sécurité et besoin d’ouverture. Ensuite, ils exigent à la fois l’autonomie et l’assistance, la stabilité et le dynamisme. Ils affichent en même temps la volonté d’indépendance et de partage. Nos besoins sont multiples et semblent parfois contradictoires.

L’étude de Steelcase « Le centre d’innovation » dénombre de facto trois éléments clés qui favorisent la culture d’innovation par l’aménagement d’espace de travail.

1. La présence d’incubateur d’idées.

Il s’agit d’un lieu dédié à la recherche de nouvelles idées. Il est important de concevoir  un environnement protégé, des espaces et des zones où on peut réfléchir seul ou avec un groupe. L’espace facilite aussi les tests des idées et les  débats en groupes à géométrie variable.

2. Des aménagements et équipements favorisant l’interaction.

Des aménagements qui favorisent la culture d’innovation facilitent aussi l’inspiration. Donc, la rencontre avec le travail d’autrui.

Ces espaces de travail doivent permettre d’entrer en contact avec des experts facilement. Puis, de rendre le partage plus social et favoriser le hasard des rencontres imprévues. En outre, l’espace doit permettre l’appropriation par une équipe pour la durée d’un projet.

En dernier lieu, il s’agit aussi de permettre un désordre de brainstorming et faciliter une atmosphère détendue et optimiste.

Ceci signifie entre autre de faciliter « la sortie des idées de la tête », donc de pouvoir les écrire, afficher, partager, triturer, mettre en pratique, présenter en vidéo…

3. Accès à une connectivité locale et globale.

De nos jours, les équipes sont fréquemment disséminées sur plusieurs sites et même entre différents pays. Il est fondamental d’offrir des solutions de connectivités qui minimisent des disparités pour les équipes éloignées.

Il faut fluidifier les interactions. Pour cela, il faut des salles de réunions équipées d’outils de vidéoconférence et des technologies simplifiant le partage.

Autrement dit, il faut pouvoir accéder à la communication vidéo facilement tout au long de la journée. De pouvoir s’installer dans les salles équipées de plusieurs écrans pour un meilleur partage de contenus. Et même installer les technologie vidéo qui permettent de se déplacer dans la pièce sans interrompre la communication.

Pour les équipes du même site, cela passe par la flexibilité des espaces avec des éléments mobiles et reconfigurables. Par exemple, en créant de nombreux tableaux d’affichages pour mieux communiquer sur l’avancée du travail.

Quelles sont les zones clefs d’un hub social à concevoir ? Comment les calibrer correctement?

Nous pouvons énumérer les différents espaces-fonctions:
  1. Le hub social pour les rencontres informelles.
  2. Les espaces de réunions pour un mode de collaboratif ou individuel sur site ou à distance.
  3. Un centre de ressource pour faciliter l’accès aux technologies et les outils.
  4. Des espaces nomades pour les collaborateurs en transition.
  5. Des zones métiers comme des laboratoires, ateliers de modélisation, laboratoires d’essais, bibliothèques.

Sans exclure des zones ‘résidents’ pour les collaborateurs ayant besoin un poste attribué avec la technologie nécessaire pour sa discipline.

Il ne suffit pas un baby-foot. Il faut fabriquer un écosystème d'innovation.

Un architecte et plannificateur d’espace doit penser l’ensemble comme un écosystème d’espaces interdépendants. L’objectif est de créer un environnement motivant, adaptable et évolutif.

Il est assez logique que cette démarche ne s’improvise pas.
Elle est adaptée non seulement aux entreprises, mais également à l’enseignement supérieur et la recherche.

Documentation et liens :
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